par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent nettement à mi-séance dans un contexte de regain d'aversion au risque sur le secteur bancaire malgré les tentatives des autorités visant à rassurer les marchés.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 1,08% pour le Dow Jones, de 0,86% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,56% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 fléchit de 2,28% à 6.976,65 points vers 12h40 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 2,37% et à Londres, le FTSE cède 1,71%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 1,66%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 2,33% et le Stoxx 600 de 1,80%.
Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 gagne cependant à ce stade 0,81% et le Stoxx 600 0,50%.
Les valeurs bancaires sont délaissées vendredi en Europe alors que les investisseurs craignent que les difficultés des banques régionales américaines et de Credit Suisse se propagent aux poids lourds du secteur, notamment à Deutsche Bank (ETR:DBKGn). L'indice Stoxx des banques, plus forte baisse sectorielle, abandonne 4,75%, s'acheminant vers une troisième semaine consécutive de repli.
Face au stress bancaire, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a réaffirmé jeudi être prête à prendre de nouvelles mesures pour s'assurer que les dépôts bancaires des Américains restent en sécurité.
"La volatilité se poursuit parce que les inquiétudes continuent de bouillonner quant à la stabilité du secteur bancaire américain", a déclaré Susannah Streeter, directrice des changes et des marchés financiers chez Hargreaves Lansdown.
"Même s'ils (les banquiers centraux et le Trésor américain) essaient de rassurer les marchés sur le fait qu'ils seront prêts à prendre des mesures si nécessaire, les investisseurs considèrent cela comme la preuve que les autorités de régulation, les banquiers centraux et l'administration américaine sont toujours préoccupés par un risque de contagion", a-t-elle ajouté.
La défiance vis-à-vis des banques a pris le pas vendredi sur la publication des indices PMI qui ont montré une accélération inattendue de la croissance de l'activité du secteur privé dans la zone euro en mars avec un indice composite à 54,1 après 52,0 en février. En Grande-Bretagne, si la croissance de l'activité des entreprises a ralenti en mars avec un indice PMI composite à 52,2, les professionnels sont en revanche devenus plus optimistes sur leurs perspectives pour l'année à venir.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Les grandes banques JPMorgan Chase (NYSE:JPM), Wells Fargo (NYSE:WFC) et Bank Of America reculaient de plus de 2% en avant-Bourse dans la crainte d'une contagion dans le secteur bancaire. Les banques régionales First Republic Bank, PacWest Bancorp, Western Alliance Bancorp et Truist Financial refluaient de 2,1% à 2,8%.
Block cédait encore 4,2% en avant-Bourse après une chute de 14,8% jeudi, consécutive aux accusations du fonds d'investissement Hindenburg Research selon lesquelles le nombre d'utilisateurs de la plate-forme de paiement est artificiellement gonflé.
VALEURS EN EUROPE
Deutsche Bank, en repli 13,4%, est en queue du Stoxx 600. La banque allemande alimente les inquiétudes sur la stabilité du système bancaire avec une forte augmentation du coût d'assurance contre le risque de défaut de paiement, son CDS à cinq ans ayant grimpé à 200 points de base, au plus haut depuis début 2019, selon les données de S&P Market Intelligence.
Credit Suisse et UBS cèdent respectivement 5,77% et 5,28%, l'agence Bloomberg ayant rapporté que les deux banques font partie des établissements visés par une enquête du département américain de la Justice sur des aides à des oligarques russes.
A Paris, Crédit agricole (EPA:CAGR), BNP Paribas (EPA:BNPP) et Société générale (EPA:SOGN) abandonnent de 2,83% à 6,68%.
Raiffeisen Bank International chute de 5,96% en réaction à une information de Reuters selon laquelle la Banque centrale européenne (BCE) fait pression sur la banque autrichienne pour qu'elle mette fin à ses activités en Russie.
TAUX
Le rendement des Treasuries à dix ans recule à 3,3187%, après avoir chuté de 20 points de base sur les deux précédentes séances, dans la perspective d'une modération des taux de la Fed au regard du contexte bancaire.
Son équivalent allemand suit le mouvement et cède 13,1 points de base à 2,055%.
CHANGES
L'aversion au risque favorise le dollar qui prend 0,63% face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro se négocie à 1,074 dollar (-0,83%), malgré les bons chiffres des PMI en Europe.
PÉTROLE
Les cours du pétrole refluent après les déclarations de la secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm, selon lesquelles le remplissage complet des réserves stratégiques américaines de brut pourrait prendre des années, ce qui assombrit les perspectives concernant la demande.
Le Brent perd 3,39% à 73,34 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 3,69% à 67,38 dollars.
Sur l'ensemble de la semaine, les deux références du pétrole s'acheminent cependant vers un léger gain après avoir enregistré la semaine dernière leur plus forte baisse hebdomadaire depuis des mois.
MÉTAUX
L'or, actif refuge, se rapproche du seuil des 2.000 dollars et gagnait 0,17% à 1.996,95 dollars l'once vers 12H40 GMT.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)