PARIS (Reuters) - Wall Street devrait ouvrir en ordre dispersé vendredi après avoir cédé près de 2% la veille et les Bourses européennes sont dans le rouge à mi-séance, les difficultés de la banque américaine SVB, qui affectent le secteur financier, accentuant les craintes liées à la remontée des taux d'intérêt.
La prudence est également de mise dans l'attente des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, l'un des facteurs déterminants de la politique monétaire de la Réserve fédérale. Les futures sur indices new-yorkais signalent un repli de 0,19% pour le Dow Jones, de 0,1% pour le Standard & Poor's-500 mais une hausse de 0,12% pour le Nasdaq. À Paris, le CAC 40 perd 1,08% à 7.237,2 à 12h22 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 1,19% et à Londres, le FTSE recule de 1,7%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cède 1,16%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 1,15% et le Stoxx 600 est en baisse 1,12%.
L'indice mondial MSCI, qui regroupe 47 marchés développés etémergents, est tombé à son plus bas niveau depuis mi-janvier.
Les actions bancaires américaines ont chuté jeudi à Wall Street, entraînant le secteur européen dans le rouge, après l'annonce par SVB Financial Group - dont la branche californienne finance nombre de start-up technologiques - d'une importante augmentation de capital pour combler une perte de 1,8 milliard de dollars, consécutive à la cession d'un portefeuille obligataire.
Certains investisseurs redoutent que d'autres banques, petites et grandes, aient également des pertes non réalisées sur leurs portefeuilles d'obligations.
La remontée des taux menée au pas de charge depuis l'année dernière a en effet réduit la valeur des titres détenues par les banques avant que les instituts d'émission ne lancent leurs cycles de resserrement monétaire.
"Des taux plus élevés rouvrent la question du risque systémique. Ce ne sont que des secousses jusqu'à présent, mais nous devons être extrêmement prudents quant à l'impact de taux plus élevés et nous avons négligé cela jusqu'à présent", a déclaré Florian Ielpo, responsable macro chez Lombard Odier Investment Managers.
Et l'augmentation des taux est amenée à se poursuivre, aussi bien pour la Réserve fédérale (jeudi) que pour la Banque centrale européenne (le 22 mars). Les marchés anticipent une hausse de 50 points de base dans les deux cas.
Tous les regards sont tournés vers Washington avec la publication des chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis. Les économistes interrogés par Reuters tablent en moyenne sur un ralentissement des créations de postes à 203.000 en février mais toute surprise à la hausse pourrait renforcer les spéculations sur une accélération de durcissement monétaire de la Fed.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Dans les transactions en avant-Bourse, l'action SVB décrochait de plus de 40%, au lendemain d'une chute de plus de 60%, tandis que JPMorgan (NYSE:JPM), Citigroup (NYSE:C) et Wells Fargo (NYSE:WFC) reculaient de 0,6% à 1,1%.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, le secteur bancaire chute de 3,57%, sa plus forte baisse depuis septembre. Unicredit (BIT:CRDI), HSBC (LON:HSBA), Société générale (EPA:SOGN) et Deutsche Bank (ETR:DBKGn) perdent de 2,75% à 7,36%.
Parmi les autres mouvements du jour, Casino abandonne 5,35% après la publication d'une baisse du résultat opérationnel courant en 2022.
ASML cède 1,20% en raison de l'incertitude concernant les nouvelles restrictions des Pays-Bas sur les exportations de certaines technologies vers la Chine.
TAUX/CHANGES
Le recul des actions dope la demande pour les emprunts d'Etat: le rendement du Bund allemand à dix ans chute de 11 points de base 2,533% et son équivalent américain cède près de sept points à 3,8471%.
Malgré cela, le dollar est stable face à un panier de devises internationales (-0,06%) en attendant le rapport officiel sur l'emploi américain.
L'euro est inchangé également, autour de 1,0583 dollar.
PÉTROLE
Le marché du pétrole se dirige vers sa plus forte perte hebdomadaire en cinq semaines sur fond d'inquiétude concernant l'impact de taux d'intérêt élevés sur la demande de brut.
Le Brent lâche 0,63% à 81,08 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,81% à 75,11 dollars.
(Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)