par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les indices Dow Jones et Standard & Poor's 500 de la Bourse de New York ont fini dans le rouge mercredi après le changement de ton marqué de la Réserve fédérale, qui ne prévoit plus de relever ses taux cette année, une perspective qui a pénalisé les valeurs bancaires et fait baisser le dollar et les rendements des Treasuries.
Le Dow Jones, qui a abandonné jusqu'à 0,83% en séance, a fini sur un repli de 141,71 points, soit 0,55%, à 25.745,67 et le S&P-500, plus large, a cédé 8,34 points, soit 0,29%, à 2.824,23 après un plus bas à 2.812,43.
Le Nasdaq Composite a progressé de 5,02 points, soit 0,07%, à 7.728,97.
La Fed a, sans surprise, laissé sa politique monétaire inchangée mais elle a laissé entendre qu'elle ne relèverait pas les taux cette année et annoncé qu'elle interromprait la réduction de son bilan en septembre.
"Elle penche clairement du côté 'dovish' des anticipations", estime Evan Brown, directeur de la stratégie d'allocation d'actifs d'UBS Asset Management à New York. "La principale surprise, c'est que la Fed prévoit zéro hausse de taux en 2019."
Avant l'annonce des décisions de la banque centrale, Wall Street souffert des déclarations de Donald Trump sur l'évolution des discussions commerciales en cours avec la Chine: tout en assurant qu'un accord avec Pékin se profile, le président américain a évoqué la possibilité d'un maintien prolongé des droits de douane sur les produits chinois importés aux Etats-Unis.
VALEURS
Les valeurs financières, particulièrement sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, dont dépendent les marges de crédit des banques, ont été pénalisées par les annonces de la Fed: l'indice S&P du secteur a fini en baisse de 2,09% et l'indice KBW des banques a cédé 3%.
Goldman Sachs (NYSE:GS), lanterne rouge du Dow, a abandonné 3,38%, JPMorgan Chase (NYSE:JPM) 2,13% et American Express 1,69%.
Autre baisse marquante du jour, celle de FedEx (NYSE:FDX), qui a chuté de 3,49%. Le géant de la messagerie express et de la logistique a raté le consensus au troisième trimestre et il a abaissé pour la deuxième fois son objectif de bénéfice annuel, ce qu'il justifie par un tassement de la croissance du commerce international.
Dans son sillage, son grand concurrent UPS a cédé 2,2% et l'indice Dow Jones des transports a abandonné 1,3%.
Autre recul marqué, celui de 0,83% de Johnson & Johnson en réaction à l'avertissement adressé par la Food and Drug Administration (FDA) au groupe pour non-respect de ses obligations en matière d'homologation de certains implants mammaires.
A la hausse, le secteur de l'énergie a pris 0,89% avec la hausse marquée des cours du pétrole.
Le groupe alimentaire General Mills, qui fabrique entre autres les céréales Cheerios, a gagné 2,22% après avoir relevé sa prévision de bénéfice annuel.
Alphabet (NASDAQ:GOOGL), la maison mère de Google, a pris 1,99% en dépit de la décision de la Commission européenne d'infliger une nouvelle amende de 1,49 milliard d'euros au moteur de recherche pour abus de position dominante.
TAUX
Le ton plus accommodant qu'attendu adopté par la Réserve fédérale a provoqué un net recul des rendements obligataires: celui des Treasuries à dix ans a perdu jusqu'à huit points de base pour toucher, à 2,5245%, son plus bas niveau depuis janvier 2018.
Celui du deux ans, plus sensible encore à l'évolution des anticipations du marché en matière de taux d'intérêt, a accusé sa plus forte baisse depuis le 3 janvier pour finir la journée à 2,402%.
Parallèlement, l'écart de rendement entre les titres à dix ans indexés sur l'inflation et les Treasuries à dix ans non indexés a atteint 1,971 point de pourcentage, tout près de son plus haut niveau depuis décembre, prenant deux points de base sur la journée selon les données Tradeweb.
CHANGES
Comme les rendements obligataires, le dollar a souffert des déclarations de la Fed et de son président: en fin de séance, il perdait près de 0,4% face à un panier de devises de référence.
L'"indice dollar" est tombé en séance à son plus bas niveau depuis le 4 février, repassant brièvement sous sa moyenne mobile à 200 jours, un important indicateur technique.
Face au yen, le billet vert cédait 0,6%. L'euro, lui, prenait autour de 0,5% à 1,1414 après un pic à 1,1450, son plus haut niveau depuis le 5 février.
La livre sterling a parallèlement cédé autour de 0,7% face au dollar comme face à l'euro après la décision de la Première ministre, Theresa May, de demander aux autres pays de l'Union européenne un report au 30 juin de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont terminé en hausse après l'annonce d'une forte baisse des stocks de brut aux Etats-Unis.
Le contrat avril sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 80 cents, soit 1,36%, à 59,83 dollars le baril. Le prix du baril de WTI a atteint en séance 60,12 dollars, son plus haut niveau depuis le 12 novembre.
L'échéance mai sur le Brent a pris de son côté 89 cents (1,32%) à 68,50 dollars après un pic à 68,57 dollars.
Les stocks de brut américains ont diminué de 9,6 millions de barils la semaine dernière, leur plus forte baisse depuis juillet, alors que les économistes attendaient une hausse de 309.000 barils.
LA SÉANCE EN EUROPE
Les Bourses européennes ont terminé la journée dans le rouge, les craintes pour l'économie mondiale, les incertitudes politiques et l'attente des annonces de la Réserve fédérale ayant conjugué leurs effets pour couper l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués et favoriser des prises de bénéfice après les plus hauts de près de six mois atteints ces derniers jours.
À Paris, le CAC 40, qui restait sur sept hausses consécutives, a perdu 0,80% à 5.382,66 points. Le Footsie britannique a cédé 0,45% et le Dax allemand a perdu 1,57%, pénalisé par la chute de 9,61% de Bayer (DE:BAYGN) à cause de ses démêlés juridiques autour du glyphosate et celle de 4,94% de BMW (DE:BMWG) après un avertissement.
L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,07%, le FTSEurofirst 300 0,75% et le Stoxx 600 0,90%.
A SUIVRE JEUDI:
La journée de jeudi sur les marchés sera animée entre autres par les décisions de politique monétaire de la Banque nationale suisse et de la Banque d'Angleterre, ainsi que par la première journée du Conseil européen à Bruxelles, dont les débats seront dominés par le Brexit.
(Avec Stephen Culp à New York)