L'attentat d'Istanbul, nouveau coup dur pour le tourisme turc déjà en perte de vitesse

Publié le 13/01/2016 13:31
La basilique Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, les deux monuments les plus visités d'Istanbul, le 12 janvier 2016 (Photo BULENT KILIC. AFP)
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La basilique Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, les deux monuments les plus visités d'Istanbul, le 12 janvier 2016 (Photo BULENT KILIC. AFP)

Pétrole et gaz en abondance, infrastructures désuètes, sous-équipement automobile et aéronautique: les multinationales jouent des coudes pour revenir ou s'implanter en Iran après la levée des sanctions, plus ou moins avantagées selon la qualité des relations de leur pays d'origine avec Téhéran.

Les Etats-Unis et l'UE ont annoncé la levée des sanctions contre l'Iran, aussitôt après le feu vert de l'AIEA samedi soir à l'entrée en vigueur de l'accord sur le nucléaire iranien.

Depuis cet accord conclu en juillet, Allemands, Français et Italiens ont dépêché des délégations politiques et commerciales, pour tenter de reconquérir le terrain perdu au profit des émergents (Chine, Turquie) et de la Russie dans ce pays de près de 80 millions d'habitants, avec lequel le Japon avait maintenu des relations amicales au plus fort des années noires.

La fédération du commerce extérieur allemande BGA estime par exemple qu'il sera difficile à l'Allemagne de redevenir le plus gros partenaire de l'Iran (comme avant les sanctions) car les Chinois en ont profité pour s'engouffrer dans la brèche.

La Chine, premier acheteur de brut iranien, "entend travailler avec l'Iran pour exploiter complètement les potentiels de coopération et mener des partenariats dans la construction d'infrastructures et (le développement) de capacités de production", a insisté le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Ming, en visite récemment à Téhéran.

L'Allemagne espère néanmoins exporter vers l'Iran entre 5 et 10 milliards d'euros dans les années qui viennent, notamment avec les machines-outils.

Des entreprises américaines (Boeing (N:BA), General Electric (N:GE)...) sont aussi dans la course, mais handicapées par le fait que Washington, qui n'a plus de relations diplomatiques depuis 35 ans avec Téhéran, maintiendra des sanctions dans le secteur pétrolier envers toute entreprise soupçonnée de financer le terrorisme.

De son côté, l'Iran a besoin des investissements étrangers pour moderniser ses infrastructures, réduire le poids de l'Etat dans une économie épuisée par les sanctions, la récession, la chute des prix du pétrole, le chômage et l'hyper-inflation.

"Les secteurs de l'infrastructure et de l'énergie sont ceux offrant les opportunités les plus importantes pour nos entreprises", estime le ministère italien du Développement économique.

Le président Hassan Rohani a prévu fin janvier une tournée en Italie puis en France, qui pourrait être fructueuse pour l'avionneur Airbus (PA:AIR).

La Russie, alliée historique de l'Iran, a une longueur d'avance dans des secteurs stratégiques. Elle a ainsi emporté la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires à Bouchehr, et la vente par la holding publique Rostec de missiles S-300.

Moscou et Téhéran veulent porter leurs échanges à 10 milliards de dollars par an, contre 1,6 actuellement. La Russie, dont le président Poutine s'est rendu à Téhéran en novembre, est prête à débloquer une ligne de crédit de cinq milliards de dollars à son voisin et allié.

Dans le secteur de l'énergie, Gazprom et le numéro deux pétrolier russe Lukoil (MCX:LKOH) veulent exploiter, stocker et transporter les immenses réserves pétrolières de l'Iran. Un nuage toutefois: avec ses réserves, l'Iran est un rival de la Russie sur un marché pétrolier déjà déprimé.

Au total, Téhéran a mis en place des nouveaux contrats-type pour attirer au total 25 milliards de dollars d'investissement dans le gaz et le pétrole.

Certaines majors comme Total (PA:TOTF) ou Eni sont en compétition pour participer à des coentreprises où le "partenaire" iranien devra conserver au minimum 51%.

Par ailleurs, la société publique russe des chemins de fer RZD est prête à électrifier le rail iranien pour plusieurs centaines de millions de dollars. L'Allemand Siemens vient d'annoncer un protocole d'accord avec Téhéran "sur l'amélioration des infrastructures ferroviaires". Le géant américain GE serait aussi sur les rangs.

En matière d'aviation civile, comme le monde entier, l'Iran entend jouer la concurrence entre l'Européen Airbus et l'Américain Boeing. "Nous avons pris des contacts, oui. C'est potentiellement un gros marché pour Airbus et ses concurrents", a déclaré récemment le PDG du conglomérat franco-allemand, Fabrice Brégier, au Financial Times.

Dans l'automobile, les Français sont bien placés. Renault (PA:RENA) négocie une prise de participation minoritaire au capital de l'entreprise publique Pars Khodro (qui était dans les années 60-70 allié à l'américain General Motors (N:GM)), avait indiqué un responsable iranien en juillet.

"Oui l'Iran est un marché très prometteur. Il représente plus d'un million de voitures, avec un potentiel de 1,5 à deux millions", a reconnu le PDG de Renault Carlos Goshn en marge du salon automobile de Détroit. PSA (PA:PEUP) pourrait aussi renouer son partenariat historique avec Khodro, tandis que les concurrents allemands (BMW (DE:BMWG), Daimler (DE:DAIGn), Volkswagen (DE:VOWG_p)...) anticipent de bonnes affaires et Toyota (T:7203) dit "surveiller la situation".

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