par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - La Bourse de New York devrait ouvrir dans le rouge mardi et les Bourses européennes reculent à mi-séance, le rebond favorisé la veille par la trêve commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ne parvenant pas à durer, tandis que les interrogations sur la hausse des taux et les craintes de récession aux Etats-Unis font baisser les rendements obligataires comme le dollar.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,3% à 0,5%.
À Paris, le CAC 40 cède 0,78% à 5.014,45 points vers 12h40 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,75% et à Londres, le FTSE recule de 0,79%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 baisse de 0,62%, l'EuroStoxx
50 de la zone euro de 0,65% et le Stoxx 600, qui avait atteint un plus haut de trois semaines, perd lui aussi 0,65%.
Si la décision du président américain, Donald Trump, de repousser le relèvement des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois le 1er janvier après sa rencontre samedi avec son homologue chinois, Xi Jinping, a été saluée lundi, c'est désormais le caractère temporaire de cette trêve qui domine, les problèmes de fond liés au déséquilibre de la balance commerciale sino-américaine restant entiers.
"Le moteur numéro un du sentiment global vis-à-vis du risque, ce sont les discussions commerciales USA-Chine, qui ne semblent soudain plus aussi prometteuses que pendant le week-end", résume Christoph Rieger, stratège taux de Commerzbank (DE:CBKG).
Les marchés chinois ont encore progressé mais l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo, qui avait fini lundi à un plus haut de six semaines, a reperdu 2,39%.
Au-delà du dossier commercial, les investisseurs ont trouvé une nouvelle source d'inquiétude dans l'évolution de la courbe des taux américains: l'inversion de certaines parties de celles-ci ravive les craintes d'une récession de la première économie mondiale.
VALEURS EN EUROPE
Le repli général des valeurs européennes touche notamment les secteurs qui avaient été les premiers bénéficiaires du rebond de lundi: l'indice Stoxx européen de l'automobile cède 1,88%, celui des hautes technologies 1,2%, celui des matières premières 1,27%.
Le compartiment du transport, du tourisme et des loisirs abandonne 1,73% après l'avertissement de la compagnie aérienne scandinave SAS sur la hausse des prix du kérosène. Le titre SAS chute de 7,82%, Air France-KLM (PA:AIRF) de 5,12% et Lufthansa (DE:LHAG) de 4,24%.
Elior (PA:ELIOR) (-7,05%) accuse la plus forte baisse du SBF 120 parisien après la présentation de prévisions de croissance jugées décevantes.
A la hausse, Carrefour (PA:CARR), qui avait chuté de près de 6% lundi à cause de l'impact du mouvement des "Gilets jaunes" en France, reprend 4,07%, la meilleure performance du CAC.
Iliad (PA:ILD), la maison mère de Free, gagne 4,17% après la présentation de sa nouvelle box, censée enrayer la baisse de son portefeuille d'abonnés.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
TAUX
Sur les marchés obligataires, l'évolution de la courbe des rendements américains reste le principal sujet de préoccupation: le rendement des bons du Trésor à dix ans, au plus bas depuis septembre, amplifie son repli sous le seuil des 3% et, plus inquiétant encore, la courbe s'est inversée sur plusieurs sections courtes, les rendements à deux et trois ans passant au-dessus du rendement à cinq ans.
C'est la première fois qu'une partie de la courbe des taux américains s'inverse depuis la crise financière de 2007-2009, à l'exception de la dette à très court terme. Or une telle inversion est souvent considérée comme annonciatrice d'une récession économique.
L'écart le plus surveillé, celui entre les rendements à deux et dix ans, reste positif, autour de 13 points de base, mais évolue au plus bas depuis plus de dix ans.
L'évolution des rendements américains influence celle des européens: le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, est revenu à 0,29%, au plus bas depuis la mi-août. L'écart entre les rendements allemands à deux et dix ans est lui revenu au plus bas depuis 17 mois.
CHANGES
La baisse des rendements américains pénalise le dollar, qui abandonne 0,52% face à un panier de devises de référence, au plus bas depuis le 22 novembre.
L'euro en profite pour s'apprécier de près de 0,4% face au billet vert à 1,1395 après avoir franchi la barre de 1,14 dollar pour la première fois depuis le 23 novembre.
"Les investisseurs pensent que la Réserve fédérale va devenir plus prudente et plus dépendante des indicateurs en matière de hausse des taux. On se rapproche tout simplement de la fin du cycle de relèvement des taux. Cela défavorise le dollar", explique Esther Reichelt, stratège devises de Commerzbank.
La trêve conclue samedi par Donald Trump et Xi Jinping sur le commerce continue par ailleurs de profiter au yuan, qui évolue au plus haut depuis septembre face au dollar.
PÉTROLE
Les cours du brut gagnent autour de 2%, portés par la perspective d'un accord d'ici vendredi entre les membres de l'Opep et les pays alliés du cartel pour réduire leur production l'an prochain.
Le Brent se traite à près de 63 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à près de 54 dollars.
Le marché bénéficie également, comme lundi, de la diminution de la production canadienne de brut décidée par les autorités pour éviter une envolée des stocks.
Selon plusieurs sources, l'Opep et ses alliés négocient un accord qui se traduirait par une diminution d'au moins 1,3 million de barils par jour (bpj) de leur production globale mais la Russie n'entend pas accepter une réduction aussi importante. L'une des sources a précisé que l'objectif était de favoriser un maintien du prix du Brent au-dessus de 65 dollars.
(Avec Tommy Wilkes à Londres, édité par Blandine Hénault)