par Blandine Henault
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes tentent de reprendre un peu de terrain jeudi dans la matinée dans un contexte de marché toujours fragilisé par les tensions commerciales internationales.
À Paris, l'indice CAC 40 avance de 0,59% à 5.264,46 points vers 09h20 GMT, en dépit du repli de Société Générale (PA:SOGN), qui perd 2,34% après le départ inattendu du directeur général délégué Didier Valet.
À Francfort, le Dax gagne 0,83% et à Londres, le FTSE avance de 0,32%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro progresse de 0,6%, le FTSEurofirst 300 de 0,47% et le Stoxx 600 de 0,43%.
La tentative de rebond a aussi été visible en Asie où la Bourse de Tokyo a clôturé en hausse de 0,12% après avoir perdu jusqu'à 1% en début de séance. Mais les investisseurs devraient surtout être attentifs à la tendance qu'adoptera Wall Street à 13h30 GMT.
Les contrats à terme sur les indices de référence laissent pour l'instant présager une ouverture en légère hausse.
La Bourse de New York a fini en net repli mercredi soir en raison de la baisse de grandes valeurs industrielles exposées aux tensions commerciales, comme Boeing (NYSE:BA) (-2,48%).
Les investisseurs s'interrogent sur les velléités protectionnistes de Donald Trump qui a imposé des barrières douanières sur l'acier et l'aluminium et pourrait s'attaquer aux produits chinois des secteurs de la technologie et des télécommunications.
"Va-t-on réellement vers une guerre commerciale ou s'agit-il d'une technique de négociation de la part de Washington pour obtenir des concessions à Bruxelles ou Pékin sur les politiques commerciales de l'Europe et de la Chine ?", observe Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.
ÉMERGENCE DE DOUTES SUR LA CROISSANCE AMÉRICAINE
La Maison blanche devrait officiellement annoncer ce jeudi la nomination de Larry Kudlow, un ex-conseiller de Ronald Reagan devenu commentateur à la télévision, au poste de conseiller économique en remplacement de Gary Cohn.
Dans une interview sur CNBC, Larry Kudlow a déclaré mercredi que la Chine "avait bien cherché" la riposte économique orchestrée par la Maison blanche, tout en affirmant n'être "pas partisan" des barrières douanières.
Les dernières statistiques inférieures aux attentes aux Etats-Unis, notamment sur les ventes au détail, ont par ailleurs nourri des craintes sur la solidité de l'économie américaine.
Les investisseurs seront donc attentifs à la publication des indices d'activité américains "Philly Fed" et "Empire State" à 12h30 GMT, à moins d'une semaine de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale.
La prudence observée sur les marchés se traduit par une nette détente sur les rendements obligataires : le rendement à dix ans allemand évolue à 0,59% après avoir touché mercredi son plus bas niveau depuis un mois et demi à 0,583%.
Celui des Treasuries de même échéance à dix ans américain est retombé autour de 2,82%, s'éloignant un peu plus du pic de 2,957% touché le 21 février.
Malgré tout, le compartiment de l'immobilier (-0,12%), qui bénéfice généralement d'un environnement de taux bas, accuse l'unique repli en Europe, plombé par les foncières britanniques comme Hammerson (-5,15%) qui a été dégradé par Credit Suisse de "neutre" à "sous-performance".
Le secteur de la distribution (0,08%) est freiné par les replis de Dufry (-5,45%) et H&M (-4,75%) après des publications de résultats mal accueillies.
LES TENSIONS RUSSO-BRITANNIQUES PÈSENT SUR LA LIVRE
Sur le marché des changes, le yen profite de son statut d'actif refuge pour avancer de 0,24% face au dollar et de 0,26% face à l'euro.
De son côté, la livre sterling a effacé ses gains face au dollar après les déclarations du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, qui laissé entendre jeudi matin que les oligarques russes dont la fortune provient de leurs liens avec Vladimir Poutine pourraient être visés par la police britannique.
Une telle mesure s'inscrirait dans le cadre des représailles à la tentative d'assassinat d'un ex-agent double russe dans le sud de l'Angleterre, dans laquelle Londres a mis directement en cause l'Etat russe.
Sur le marché pétrolier, les cours du brut sont pratiquement inchangés, toujours tiraillés entre la bonne tenue de la demande et la hausse de la production américaine, qui menace de saper les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché mondial.
(Édité par Marc Angrand)