PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en baisse mercredi entre craintes de récession toujours plus vives, nouvelle poussée des rendements obligataires et interrogations persistantes sur la crédibilité budgétaire britannique.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une baisse de 0,53% pour le CAC 40 à Paris, de 1% pour le Dax à Francfort, de 0,74% pour le FTSE 100 à Londres et de 0,87% pour l'EuroStoxx 50.
Tous ont déjà fini dans le rouge mardi après avoir passé l'essentiel de la journée en territoire positif, les informations sur un possible sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique ayant ravivé l'aversion au risque en toute fin de séance.
L'indice large européen Stoxx 600 affiche désormais 10 baisses sur les 11 dernières séances.
Le sentiment de marché reste dominé par la crainte d'un ralentissement marqué de la croissance mondiale et par le resserrement des politiques monétaires, qui continue d'inciter à des dégagements massifs sur les marchés obligataires.
La nervosité générale est aussi alimentée par les interrogations sur la capacité du gouvernement britannique à regagner la confiance des marchés après le choc provoqué par son plan de relance.
Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvertement critiqué mardi la politique budgétaire de Londres, jugeant qu'elle risquait de creuser les inégalités et d'affaiblir la politique monétaire. De son côté, Moody's Investors Service a averti que des allègements fiscaux massifs non financés pourraient saper la crédibilité des pouvoirs publics.
TAUX
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans oscille autour de la barre des 4% dans les échanges en Asie, au plus haut depuis 12 ans, après un bond de 50 points de base en une semaine.
Le cinq ans a touché un plus haut de 15 ans à 4,251% et le deux ans, à 4,2788%, est au plus haut depuis 2007.
Le président de la Réserve fédérale de St. Louis, James Bullard, a plaidé mardi en faveur de nouvelles hausses de taux, son homologue de Chicago, Charles Evans, a estimé que le taux des "fed funds" devait être relevé d'au moins 100 points de base supplémentaires d'ici la fin de l'année et celui de Minneapolis, Neel Kashkari, a assuré que les dirigeants de l'institution étaient unis en évoquant une politique monétaire "opportunément offensive".
Les analystes de Wells Fargo (NYSE:WFC) estiment désormais que le taux directeur de la banque centrale américaine devrait se situer entre 4,75% et 5% avant la fin du premier trimestre 2023.
En Europe, le dix ans allemand, qui avait bondi de 14 points mardi, en rétrocède un peu plus d'un dans les premiers échanges à 2,24%.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en ordre dispersé jeudi, les propos des responsables de la Fed ayant eu raison du sursaut observé en début de séance.
L'indice Dow Jones a cédé 0,43%, ou 125,82 points, à 29.134,99 et le Standard & Poor's 500 a perdu 7,44 points, soit 0,21%, à 3.647,29 points, son plus bas niveau de clôture en deux ans, alors que le Nasdaq Composite avançait de 26,58 points (+0,25%) à 10.829,50, grâce entre autres aux gains de Tesla (NASDAQ:TSLA) (+2,51%) et de Nvidia (NASDAQ:NVDA) (+1,51%).
Les contrats à terme suggèrent pour l'instant une ouverture en repli de 0,3% à 0,8%, soit la septième baisse d'affilée pour le S&P 500, qui se rapproche de sa moyenne mobile à 200 jours (3.590 points), un seuil technique clé.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini en repli de 1,5%, au plus bas depuis début juillet. Les technologiques souffrent notamment des informations de Bloomberg selon lesquelles Apple (NASDAQ:AAPL) a renoncé à augmenter la production de ses nouveaux iPhone cette année faute de croissance suffisante de la demande.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai cède 0,89% et le CSI 300 0,96%. Le secteur immobilier souffre des informations sur un défaut du promoteur CIFI Holdings, qui n'a pas démenti et chute de 26,77% à Hong Kong.
L'indice MSCI des marchés asiatiques hors Japon est quant à lui tombé au plus bas depuis avril 2020.
CHANGES
le regain d'aversion au risque se traduit aussi par une nouvelle hausse du dollar, qui s'apprécie de 0,27% face à un panier de référence, à un nouveau plus haut de plus de 20 ans.
Cette hausse s'opère aux dépens de l'euro, qui retombe à 0,9559 (-0,34%), au plus bas depuis juin 2002, et surtout de la livre sterling, qui recule de 0,49% à 1,0678 dollar.
Le yuan chinois, lui, a inscrit un nouveau plus bas historique à 7,2350 pour un dollar.
PÉTROLE
Le marché pétrolier recule malgré le risque de voir l'ouragan Ian perturber la production du golfe du Mexique, la tendance étant surtout influencée par la peur d'une chute de la demande mondiale et par la hausse du dollar.
De plus, les chiffres de l'American Petroleum Institute (API) obtenus de sources de marché montrent une nette augmentation des stocks de brut aux Etats-Unis.
Le Brent abandonne 1,4% à 85,06 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,34% à 77,45 dollars.
(Rédigé par Marc Angrand, édité par Kate Entringer)