par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Un rebond des Bourses européennes est attendu lundi à l'ouverture après la nette baisse en fin de semaine dernière liée à un nouvel accès de fièvre dans le compartiment bancaire à la suite des inquiétudes sur Deutsche Bank (ETR:DBKGn), les investisseurs misant sur une possible intervention des autorités.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une progression de 1,12% pour le CAC 40 à Paris, de 1,23% pour le Dax à Francfort, de 1,05% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,30% pour l'EuroStoxx 50.
Deutsche Bank a dévissé vendredi en Bourse de plus de 14% avant de réduire ses pertes en clôture à 8,5% et son coût d'assurance contre un risque de défaut, appelé "credit default swap" (CDS), a grimpé à plus de 220 points de base, au plus haut depuis fin 2018. Cela a amené certains investisseurs à considérer que la première banque allemande serait le prochain Credit Suisse, la banque helvétique ayant été contrainte de fusionner avec sa concurrente UBS dans le cadre d'un plan de sauvetage d'urgence.
"Le niveau actuel des CDS pour les banques européennes est seulement légèrement inférieur à ce qu'il était au plus fort de la crise financière européenne en 2013", note Naeem Aslam, directeur des investissements chez Zaye Capital Markets.
"Si ces CDS ne se normalisent pas, il est fort probable que le marché boursier continue de souffrir pendant plusieurs jours", prévient-il.
Aux Etats-Unis, après les déboires de SVB et Signature Bank, les retraits aux guichets et les transferts de liquidités des petites banques vers les grandes s'accélèrent. Les flux vers le marché monétaire ont augmenté de plus de 300 milliards de dollars au cours du mois dernier pour atteindre un record de 5.100 milliards de dollars. Selon Bank of America (NYSE:BAC), un tel phénomène a été observé en 2008 et 2020 et cela s'était accompagné d'une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Le président de la Réserve fédérale de Minneapolis, Neel Kashkari, a déclaré dimanche sur CBS (NYSE:CBS_old) que les responsables de la banque centrale américaine surveillaient "de très, très près" la situation actuelle pour déterminer si le stress bancaire déboucherait sur une crise du crédit qui pourrait faire basculer l'économie en récession.
Philip Jefferson, l'un des gouverneurs de la Fed, doit s'exprimer dans la journée, tandis que Michael Barr, le vice-président de la Fed, va être auditionné par le Sénat sur la "surpervision bancaire" mardi.
Les investisseurs prendront connaissance en fin de semaine des données définitives du produit intérieur brut (PIB) américain au quatrième trimestre et de l'indice des prix PCE de février, mesure privilégiée de l'inflation par la Fed.
Dans l'agenda du jour, le principal indicateur concerne le climat des affaires en Allemagne pour le mois de mars, attendu en baisse selon le consensus Reuters.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en hausse vendredi, alors que les déclarations des responsables de la Fed ont apaisé les craintes des investisseurs quant à une crise des liquidités dans le secteur bancaire.
L'indice Dow Jones a gagné 0,41%, ou 132,28 points, à 32 237,53 points.
Le S&P-500, plus large, a pris 22,63 points, 0,57%, à 3.971,35 points.
Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 36,56 points (0,31%) à 11 823,96 points.
EN ASIE
A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a avancé de 0,33% à 27.476,87 points et le Topix, plus large, a pris 0,33% à 1.961,84 points.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai reflue en revanche de 0,49% et le CSI 300 cède 0,41%.
L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) abandonne 0,7%.
CHANGES/TAUX
Le dollar est stable (0,09%) face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro se négocie à 1,0751 dollar (-0,07%).
Les rendements obligataires qui avaient fortement chuté vendredi remontent. Celui des bons du Trésor américain à dix ans prend environ trois points de base à 3,41%, et celui à deux ans progresse de 10,2 points de base, à 3,87%.
En Europe, ceux du Bund allemand à dix ans et deux ans avancent respectivement de 6,1 points, à 2,18%, et de 11,3 points, à 2,49%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier progresse légèrement avec le reflux des craintes sur secteur bancaire: le Brent gagne 0,61% à 75,45 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,69% à 69,74 dollars.
MÉTAUX
L'appétit pour le risque pèse sur l'or qui abandonne 0,41% à 1.969,11 dollars l'once après avoir dépassé vendredi la barre des 2.000 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)