par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Londres exceptée, les principales Bourses européennes ont terminé sur une note positive lundi, profitant entre autres de la forte hausse des valeurs italiennes après des déclarations rassurantes de Rome sur son budget, mais Wall Street est plus hésitante, freinée entre autres par Apple (NASDAQ:AAPL), qui pourrait pâtir des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.
À Paris, le CAC 40 a fini sur une progression de 0,33% à 5.269,63 points et à Francfort, le Dax a pris 0,22%.
L'indice EuroStoxx 50 a gagné 0,48%, le FTSEurofirst 300 0,48% et le Stoxx 600 0,47%.
La hausse a été bien plus forte à Milan, où l'indice FTSE MIB a bondi de 2,3%, enregistrant sa meilleure séance depuis la mi-juin après des déclarations du ministre des Finances, Giovanni Tria, jugées encourageantes sur la politique économique et budgétaire de son pays.
Restant à l'écart de la hausse générale, le FTSE 100 à Londres a fini pratiquement inchangé (+0,02%), pénalisé par la hausse de la livre sterling en réaction à l'évocation d'un possible accord d'ici deux mois entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne sur le Brexit.
Ces facteurs ont provisoirement relégué au second plan le thème des tensions commerciales, même si le président américain, Donald Trump, a menacé vendredi d'étendre sa politique de relèvement des droits de douane à la quasi-totalité des produits importés de Chine aux Etats-Unis et si la Chine a prévenu qu'elle répliquerait à toute offensive de Washington.
A WALL STREET
Signe que ces tensions restent bien présente, Wall Street évoluait sur une note prudente au moment de la clôture en Europe: le Dow Jones était pratiquement inchangé tandis que le Standard & Poor's 500 gagnait 0,34% et le Nasdaq Composite 0,3%.
Ce dernier est brièvement passé dans le rouge en matinée, plombé entre autres par Apple, qui cède 0,92% après les déclarations du groupe sur l'impact possible de la hausse des droits de douane sur ses produits, qui ont incité Donald Trump à lui conseiller de rapatrier sa production sur le sol américain.
"Les traders semblent hésiter à acheter des actions américaines dans le contexte des tensions persistantes entre Washington et Pékin", constate David Madden, de CMC Markets, ajoutant qu'"au titre des représailles, Pékin pourrait dévaluer le yuan ou prendre pour cible des entreprises américaines opérant en Chine".
"C'est presque comme si les intervenants attendaient que l'un ou l'autre camp passe à l'action le premier", ajoute-t-il.
VALEURS
En Europe, le palmarès des plus fortes performances du Stoxx 600 est dominé par des valeurs italiennes, après les déclarations de Giovanni Tria sur la politique budgétaire de Rome. Le ministre des Finances italien a assuré entre autres que certaines des promesses les plus radicales de la coalition gouvernementale ne seraient mises en oeuvre que progressivement.
Ses propos ont aussi favorisé une nouvelle baisse des rendements des emprunts d'Etat italiens et une réduction supplémentaire de l'écart de rendement (spread) avec la dette allemande, revenu tout près des 230 points de base ce qui a profité aux banques de la péninsule.
L'indice du secteur bancaire italien a bondi de 4,23%, UniCredit a pris 4,67%, Intesa Sanpaolo (MI:ISP) 4,53%, Mediobanca (MI:MDBI) 4,4%.
La plus forte hausse du Stoxx 600 est toutefois pour le groupe britannique d'emballages RPC, qui a bondi de 17,99% après avoir annoncé être en discussion en vue de son rachat par les fonds Apollo Global Management et Bain Capital.
CHANGES
Du côté des devises, le dollar cède du terrain face l'euro et à la livre sterling après les déclarations de Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, jugeant possible la conclusion "d'ici six à huit semaines" d'un accord entre Bruxelles et Londres sur les modalités de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
Le sterling a gagné jusqu'à 1% face au billet vert et l'euro est monté jusqu'à 1,1617 dollar. La devise britannique est en hausse d'environ 0,4% contre la monnaie unique.
L'"indice dollar", qui mesure son évolution face à un panier de devises de référence, recule de 0,3%.
TAUX
Sur le marché des emprunts d'Etat, l'évocation d'un compromis sur le Brexit d'ici début novembre a favorisé la hausse des rendements des emprunts d'Etat britanniques, le dix ans montant jusqu'à 1,48% avant de céder une partie de ses gains.
Le rendement du Bund allemand de même échéance s'affichait à 0,405% en fin de séance, en légère hausse à trois jours de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).
L'évolution est pour l'instant similaire sur le marché américain, le rendement des Treasuries à dix ans étant brièvement remonté à 2,95% avant de revenir sous 2,94%.
PÉTROLE
Les cours du pétrole sont en hausse (de près de 1% pour le Brent à plus de 77,50 dollars le baril) après l'annonce vendredi d'une baisse du nombre de forages aux Etats-Unis et alors que le marché reste soutenu par la perspective d'une diminution de l'offre iranienne à cause des sanctions économiques américaines visant Téhéran.
MÉTAUX
Les tensions commerciales ont favorisé la baisse des cours du cuivre (-0,45%), dont la Chine est l'un des premiers consommateurs mondiaux.
ÉMERGENTS
Comme celui des matières premières, les marchés émergents souffrent des craintes de nouvelle escalade dans le conflit commercial USA-Chine: leur indice MSCI cède 1,16% et a touché un nouveau plus bas de 13 mois, pénalisé notamment par la forte baisse des actions chinoises (-1,45% pour l'indice CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale).
Les devises émergentes souffrent elles aussi: le rouble russe est tombé à un plus bas de deux ans, la roupie indienne à un nouveau plus bas historique.
(Édité par Wilfrid Exbrayat)