PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes devraient poursuivre leur repli mardi avant de nouveaux indicateurs qui risquent fort de souligner la dégradation de la conjoncture économique et dans l'attente d'éclaircissements sur la politique monétaire américaine.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une baisse de 0,23% pour le CAC 40 à Paris, de 0,38% pour le Dax à Francfort, de 0,35% pour le FTSE 100 à Londres et de 0,41% pour l'EuroStoxx 50.
Le marché parisien a perdu 1,8% lundi et inscrit sa plus mauvaise clôture depuis le 28 juillet, tout comme l'indice large européen Stoxx 600 (-1,0%), après un bond de 13% des cours de référence du gaz naturel en Europe et des prévisions économiques sombres en Allemagne comme au Royaume-Uni.
Après le rebond favorisé au coeur de l'été par des résultats de sociétés meilleurs qu'attendu et de premiers signes de ralentissement de l'inflation aux Etats-Unis, les investisseurs semblent ainsi brutalement rattrapés par la réalité du ralentissement conjoncturel et les retombées de la guerre en Ukraine.
Ils surveilleront dans la matinée les indices PMI "flash" pour tenter de mieux évaluer le risque d'une récession dans les mois à venir: le consensus Refinitiv s'attend à ce qu'ils confirment la contraction de l'activité dans le secteur privé en Allemagne et dans l'ensemble de la zone euro.
Aux Etats-Unis, la séance sera également animée par les chiffres mensuels des ventes de logements neufs, que la remontée des taux d'intérêt devrait avoir freinées en juillet.
Mais même en cas de bonnes surprises, un regain marqué d'appétit pour le risque est peu probable à trois jours de l'intervention très attendue à Jackson Hole de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, qui devrait confirmer la priorité donnée à la lutte contre l'inflation, donc à la poursuite de la remontée des taux.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en nette baisse lundi, les investisseurs ayant privilégié les actifs jugés plus sûrs comme les emprunts d'Etat et le dollar alors que les inquiétudes montent sur le risque de récession et le resserrement monétaire.
L'indice Dow Jones a cédé 1,91%, ou 643,13 points, à 33.063,61, le Standard & Poor's 500 a perdu 90,49 points, soit 2,14%, à 4.137,99 (sa pire performance quotidienne depuis le 16 juin) et le Nasdaq Composite a reculé de 323,64 points (-2,55%) à 12.381,57.
Les 11 grands indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge et parmi les baisses les plus marquées, le compartiment de la technologie a cédé 2,78%, les valeurs de ce secteur étant plus sensibles à l'évolution des taux.
Apple (NASDAQ:AAPL), Microsoft (NASDAQ:MSFT), Amazon (NASDAQ:AMZN) et Nvidia (NASDAQ:NVDA) ont perdu de 2,30% à 4,57%.
En hausse, Signify Health a bondi de 32,03% après une information de l'agence Bloomberg selon laquelle UnitedHealth, Amazon, CVS Health et Option Care Health ont chacun fait une offre pour mettre la main sur le fournisseur de services de santé à domicile.
Les contrats à terme sur les principaux indices préfigurent pour l'instant une ouverture en baisse de 0,2% à 0,5%.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini en recul de 1,19%, plombé une nouvelle fois par les valeurs technologiques dans le sillage du repli du Nasdaq: SoftBank a par exemple abandonné 2,42%, Tokyo Electron 0,79%.
Les actions chinoises n'échappent pas non à la baisse: le SSE Composite de Shanghai, qui progressait en début de séance, cède désormais 0,02% et le CSI 300 recule de 0,36% avec le nouveau repli des valeurs immobilières (-1,64%).
CHANGES
Le dollar, qui marquait le pas dans les premiers échanges en Asie, est reparti à la hausse face aux autres grandes devises (+0,05%), ce qui se traduit pour l'euro par un nouveau plus bas de plus de 20 ans à 0,9915 (-0,26%).
Le repli général sur les valeurs refuges a aussi fait tomber la livre sterling au plus bas depuis deux ans et demi tandis que le yen touchait un plus bas d'un mois.
TAUX
Sur le marché obligataire, les rendements de référence américain reculent un peu après avoir fini en hausse lundi dans l'attente de l'intervention de Jerome Powell à Jackson Hole.
Le dix ans revient à 3,0109% après un plus haut de cinq semaines à 3,039% et le deux ans baisse de plus de trois points de base à 3,2954%.
En Europe, le dix ans allemand varie peu dans les premiers échanges mais, à 1,286%, il reste au plus haut depuis le 21 juillet.
PÉTROLE
Le prix du pétrole est en hausse après l'avertissement lancé par l'Arabie saoudite sur la possibilité d'une diminution de la production de l'Opep+ en réaction à la baisse des cours ces dernières semaines.
Le Brent gagne 0,45% à 96,91 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,53% à 90,84 dollars.
Le risque de réduction de l'offre de l'Opep+ l'emporte sur la perspective toujours très incertaine d'un compromis sur le nucléaire iranien.
(Rédigé par Marc Angrand, édité par Matthieu Protard et Kate Entringer)