par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes devraient ouvrir en baisse mercredi, toujours sous le coup des déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, qui a ouvert la porte à des hausses de taux plus importantes pour lutter contre une inflation trop élevée.
Les "futures" sur indices donnent un recul de 0,25% pour le CAC 40 parisien, de 0,35% pour le Dax à Francfort, de 0,23% pour le FTSE à Londres et de 0,3% pour l'EuroStoxx 50.
Entendu mardi par la commission bancaire du Sénat américain, Jerome Powell a adopté un ton résolument plus restrictif que ce à quoi s'attendaient les marchés, en déclarant que l'institution monétaire pourrait être amenée à augmenter ses taux plus que prévu en réponse à la solidité de l'économie américaine.
Ces propos ont eu pour principal effet de relancer les spéculations sur la possibilité que la Fed revienne à des hausses de taux d'un demi-point dès sa prochaine réunion dans deux semaines, une perspective défavorable aux actions mais qui profite au dollar.
Cette hypothèse est désormais largement privilégiée, avec une probabilité de 73% contre 30% lundi, selon le baromètre en temps réel FedWatch.
"Une telle décision serait probablement peu judicieuse et montrerait que la banque centrale ne sait pas ce qu'elle fait", estime Michael Hewson chez CMC Markets. "Il est de loin préférable de procéder à un nouveau relèvement de 25 points et de modifier les "dot plot" (les anticipations de taux des responsables de la Fed, ndlr) pour indiquer que d'autres relèvements de 25 points sont susceptibles de suivre".
Jerome Powell sera auditionné à 15h00 GMT à la Chambre des représentants cette fois mais les investisseurs attendent désormais surtout la publication vendredi du rapport mensuel du département du Travail américain, puis les chiffres de l'inflation la semaine prochaine.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en nette baisse mardi en réaction au ton plus ferme de Jerome Powell.
L'indice Dow Jones a reculé de 1,72%, ou 574,98 points, à 32.856,46 points, le S&P-500 a perdu 62,05 points, soit 1,53%, à 3.986,37 points et le Nasdaq Composite a reculé de 145,40 points (1,25%) à 11.530,33 points.
Tous les secteurs majeurs du S&P-500 ont terminé dans le rouge, au premier rang desquels le secteur financier qui a reculé de 2,5%.
Parmi les principaux mouvements du côté des valeurs, Rivian Automotive a chuté de 14,5% à la suite de l'annonce d'une émission d'obligations de plus de 1,3 milliard de dollars afin de renforcer ses liquidités.
Tesla (NASDAQ:TSLA) a perdu 3% alors que son patron, Elon Musk, a déclaré à des investisseurs avoir un projet pour produire un modèle de véhicule à taille réduite avec un coût divisé par deux par rapport à la production du Model 3.
Les contrats à terme sur les principaux indices suggèrent pour l'instant une ouverture stable.
EN ASIE
L'indice Nikkei à Tokyo (+0,48%) est monté à un nouveau plus haut depuis novembre, la dépréciation du yen favorisant les valeurs tournées vers l'exportation, ce qui permet de dissiper la nervosité avant la réunion de politique monétaire de la Banque du Japon vendredi.
En Chine, l'indice CSI 300 a cédé 0,4% et le SSE Composite de Shanghai 0,1%, affectés par la perspective de taux d'intéret élevés pour longtemps aux Etats-Unis.
CHANGES/TAUX
Face à un panier de devises de référence, le dollar prend 0,14%, accentuant sa hausse de la veille, toujours soutenu par la perspective d'un resserrement monétaire plus marqué aux Etats-Unis.
L'euro, à 1,0539 dollar, évolue au plus bas en deux mois.
Comme le billet vert, les rendements des emprunts d'Etat américains sont orientés à la hausse, à plus de 4% pour le dix ans et à 5,0511% pour le deux ans, qui a inscrit son plus haut niveau depuis juin 2007.
L'écart entre ces deux taux s'est creusé jusqu'à -108,12 points de base, son plus bas niveau depuis août 1981. Une telle inversion est considérée comme un signe avant-coureur de récession.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans prend près de deux points de base à 2,716%.
PÉTROLE
Les cours du pétrole sont relativement stables, l'annonce par l'American Petroleum Institute d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis étant compensée par les craintes sur la demande avec le durcissement monétaire des banques centrales.
Le Brent perd 0,08% à 83,22 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) abandonne 0,27% à 77,37 dollars.
(Rédigé par Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey)