par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues sur une note hésitante vendredi dans un contexte de tensions géopolitiques, de craintes sur l'inflation et de risque accru de récession alors que doit être publiée la statistique des prix à la consommation en zone euro pour le mois de septembre.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une légère hausse de 0,07% pour le CAC 40 à Paris, une progression de 0,38% pour le Dax à Francfort et de 0,46% pour l'EuroStoxx 50. Le FTSE 100 à Londres est en revanche attendu en repli de 0,04%.
Après la publication jeudi des chiffres mensuels des prix à la consommation en Allemagne, avec une progression plus forte que prévu de 10,9% sur un an, leur niveau le plus élevé depuis 1996, les investisseurs prendront connaissance à 09h00 GMT de la première estimation de l'inflation en zone euro en septembre. Le consensus Reuters table sur une nouvelle accélération à 9,7% sur un an après une hausse de 9,1% en août.
Si ce chiffre était confirmé, les craintes d'une nouvelle forte hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) devraient peser sur les marchés, avec le risque d'un atterrissage brutal de l'économie.
La statistique mensuelle de la consommation des ménages en France aura permis auparavant de se faire une idée sur l'évolution de la conjoncture économique en Europe, tandis qu'aux Etats-Unis, la publication des revenus et dépenses des ménages pour le mois d'août est attendue à 12h30 GMT.
"Au regard de la fragilité actuelle du sentiment des investisseurs, il sera intéressant de voir comment ils réagiront à toute surprise positive (baisse de l'inflation, baisse des revenus et des dépenses) puisqu'ils ont été échaudés par les données des prix à la consommation de juillet", écrit Craig Erlam, analyste de marché chez OANDA.
Sur le plan géopolitique, le président russe Vladimir Poutine devrait annoncer ce vendredi l'annexion de quatre régions ukrainiennes lors d'une cérémonie, après l'organisation dans ces régions de référendums considérés par Kyiv et les Occidentaux comme des simulacres de consultations.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini jeudi en forte baisse, plombée à nouveau par les craintes de récession alimentées par le resserrement agressif des politiques monétaires, ainsi que par les turbulences sur les marchés des changes et de la dette.
L'indice Dow Jones a cédé 458,13 points, ou 1,54% à 29.225,61 points. Le S&P 500 a perdu 78,57 points ou 2,11% pour finir à 3.640,47. Le Nasdaq Composite a terminé en baisse de 2,84% à 10.737,506 points, près de son plus bas niveau de clôture de l'année touché mi-juin.
Meta Platforms (NASDAQ:META), propriétaire de Facebook, a chuté de 3,67% après des informations de l'agence Bloomberg selon lesquelles le groupe a gelé ses embauches et prévenu ses employés qu'il envisageait des restructurations dans un contexte macroéconomique incertain.
Les géants technologiques Tesla (NASDAQ:TSLA) et Apple (NASDAQ:AAPL) ont abandonné respectivement 6,8% et près de 5%.
EN ASIE
A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini sur une perte de 1,83% à 25.937,21 points et le Topix, plus large, a reflué de 1,76% à 1.835,94 points.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai abandonne 0,32% et le CSI 300 cède 0,35%.
Selon l'enquête privée Caixin, la contraction de l'activité manufacturière en Chine s'est accélérée en septembre avec un indice PMI à 48,1 contre 49,5 en août.
Les données publiées par le Bureau national de la statistique (NBS) montrent cependant que l'activité des usines chinoises a augmenté de manière inattendue en septembre après deux mois de contraction avec un indice PMI à 50,1 contre 49,4 en août.
TAUX
Sur les marchés asiatiques, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans est stable, à 3,75%, et celui à deux ans s'affiche à 4,17%, également quasi inchangé.
En Europe, les rendements obligataires évoluent de manière irrégulière, celui du Bund allemand à dix ans cède cinq points à 2,16% après sa forte hausse de la veille, tandis que le "gilt" britannique de même échéance, qui a pris jeudi 12,9 points à 4,136%, progresse légèrement vendredi à 4,143%.
CHANGES
Aux changes, le dollar, qui a perdu jeudi 0,9% face un panier de devises de référence, recule encore, de 0,2%, alors que certains cambistes s'attendent à une intervention de la Chine et du Japon. Le billet vert a gagné à ce stade 2,9% sur le mois, sa meilleure performance depuis avril.
L'euro est stable (-0,09%) et se traite à 0,9805 dollar.
La livre sterling se négocie à 1,11075 dollar (-0,1%) après être tombé lundi à un plus bas historique à 1,03 dollar. La monnaie britannique profite des dernières les déclarations de Huw Pill, chef économiste de la Banque d'Angleterre (BoE). Selon lui, le nouveau programme d'achat d'obligations britanniques ne vise pas à plafonner les rendements ou à faire baisser les coûts d'emprunt de l'Etat mais à remédier aux dysfonctionnements du marché.
La Première ministre britannique, Liz Truss, et son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, doivent par ailleurs rencontrer ce vendredi le président de l'Office for Budget Responsibility (OBR), l'organisme public indépendant de surveillance des finances publiques après une semaine de fortes turbulences financières provoquées par le projet de budget du gouvernement.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont globalement stables les craintes sur la demande compensant une possible baisse de la production de l'Opep+.
Le Brent abandonne 0,15% à 88,36 dollars le baril, tandis que le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) grignote 0,09% à 81,16 dollars le baril.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Bertrand Boucey et Kate Entringer)