par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en forte hausse jeudi, dopées par la chute de l'euro en réaction à la promesse de la Banque centrale européenne (BCE) de ne pas relever ses taux directeurs avant la fin de l'été 2019, qui l'emporte sur l'arrêt annoncé de ses achats d'actifs dans six mois.
À Paris, le CAC 40, qui évoluait dans le rouge avant le communiqué de la BCE, a terminé sur une progression de 1,39% (75,73 points) à 5.528,46 points, sa meilleure clôture depuis le 27 mai. A Francfort, le Dax a pris 1,68%, sa meilleur performance depuis le 5 avril, et à Londres, le FTSE 100, entraîné par l'élan des marchés de la zone euro, a gagné 0,81%.
L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,37%, le FTSEurofirst 300 de 1,4% et le Stoxx 600 de 1,23%.
Au moment de la clôture, l'euro s'échangeait à 1,1633 dollar, en baisse de 1,32%, s'acheminant ainsi vers son repli le plus marqué sur une séance face au billet vert depuis octobre dernier et retrouvant ses niveaux du début du mois, au plus fort de la crise politique italienne.
La BCE a annoncé, comme s'y attendaient la plupart des observateurs, qu'elle réduirait encore ses achats d'actifs à partir d'octobre avant de les arrêter définitivement fin décembre, mais elle a surpris en précisant que ses taux d'intérêt resteraient inchangés "au moins jusqu'à la fin de l'été 2019", alors que les marchés tablaient ces derniers temps sur un premier relèvement au printemps ou en juillet de l'an prochain.
"Cela représente un changement d'orientation important pour le Conseil des gouverneurs qui, par le passé, s'abstenait de prendre des engagements en matière de calendrier dans ses indications sur l'évolution future des taux d'intérêt", note David Simner, gérant obligataire de Fidelity International.
Logiquement, les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro ont nettement reculé, celui du Bund allemand à dix ans chutant de près de cinq points de base à 0,426%.
LES EXPORTATEURS EN FORTE HAUSSE, LES BANQUES À LA TRAÎNE
Côté actions, la baisse de l'euro et la perspective d'un maintien prolongé d'une politique de taux très accommodante ont dopé la quasi-totalité des secteurs à l'exception des banques de la zone euro, qui voient s'éloigner la perspective d'une remontée du coût du crédit propice à une amélioration de leurs marges.
Leur indice Stoxx a ainsi fini la journée sur un repli de 0,21%. L'espagnole Bankia (MC:BKIA) a cédé 2,02%, l'allemande Commerzbank (DE:CBKG) 1,93%, la française Société générale (PA:SOGN) 0,17%, l'une des rares baisses du CAC.
A l'opposé, les valeurs tournées vers l'export ont profit de la dépréciation de l'euro, à l'instar d'Airbus (PA:AIR) (+4,37%), PSA (PA:PEUP) (+3,00%) ou LVMH (PA:LVMH) (+2,39%).
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street bénéficiait elle aussi du soutien apporté par le communiqué de la BCE, mais aussi des chiffres supérieurs aux attentes des ventes au détail aux Etats-Unis en mai et de la baisse inattendue des inscriptions au chômage.
Le Dow Jones était pratiquement inchangé mais le Standard & Poor's 500 prenait 0,26% et le Nasdaq Composite 0,79%.
Les rendements des Treasuries refluaient dans le sillage des européens, celui du dix ans revenant autour de 2,95% contre près de 2,98% jeudi soir après la hausse de taux et la conférence de presse de la Réserve fédérale.
Les investisseurs restent par ailleurs à l'affût de nouveaux développements du dossier des tensions commerciales internationales: l'administration Trump devait s'entretenir en fin de journée avec plusieurs de ses conseillers avant de prendre une décision sur le relèvement des droits de douane sur 50 milliards de dollars de produits chinois.
Un nouveau pas sur la voie du protectionnisme tomberait mal pour la Chine, où les indicateurs économiques publiés ce jeudi ont déçu, incitant la banque centrale (BPC) à s'abstenir de relever ses taux dans le sillage de la Fed.
Les inquiétudes sur la Chine ont d'ailleurs contribué au recul des cours des métaux de base: le cuivre a cédé 1,14%, le nickel 2,66%.
La baisse est moins marquée pour le pétrole (-0,98% pour le Brent, -0,17% pour le WTI) mais le prix du baril reste sous pression à huit jours de la réunion de l'Opep et d'autres grands pays producteurs, dont la Russie.
(Édité par Wilfrid Exbrayat)