par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes sont en net repli mercredi à mi-séance et Wall Street devrait suivre, les marchés d'actions souffrant à la fois du repli des cours du pétrole, des interrogations sur le commerce international et du blocage persistant de la situation politique italienne.
À Paris, le CAC 40 perd 1,12% à 5.577,03 points vers 10h45 GMT et s'achemine vers sa plus mauvaise séance depuis deux mois.
À Francfort, le Dax cède 1,47% et à Londres, le FTSE 100 recule de 0,74%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 1,06%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,27% et le Stoxx 600 de 0,97%, rompant ainsi avec la tendance haussière quasi linéaire qu'il suivait depuis début avril.
Les contrats à terme signalent une ouverture de Wall Street en repli de plus de 0,7% pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500, de plus de 1% pour le Nasdaq Composite.
Ce repli marqué, explique John Plassard, de Mirabaud Securities, s'opère "dans le sillage d'une accumulation d'interrogations d'ordre politique, monétaire, économique et géopolitique mais aussi d'une prise de bénéfice bienvenue, car le Dow Jones n'a pas réussi à tenir les 25.000 points plus d'un jour, ce qui aurait pu consolider sa base pour aller chercher les 26.000 points".
En Europe, la baisse n'épargne que le secteur de l'alimentation et des boissons (+0,34%) alors qu'elle touche en premier lieu celui du pétrole et du gaz, qui cède 2,75% après avoir bondi de près de 20% en moins de deux mois.
Royal Dutch Shell (AS:RDSa), Total (PA:TOTF) et BP (LON:BP) perdent entre 2,4% et 3% et TechnipFMC (PA:FTI) (-4,49%) est lanterne rouge du CAC.
LES MATIÈRES PREMIÈRES SOUFFRENT
L'explication de cette chute se trouve évidemment dans la baisse marquée des cours du brut: le Brent abandonne 0,87% et revient sous 79 dollars le baril tandis que le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) recule de 0,65% à 71,73 dollars.
Selon plusieurs sources du secteur et au sein de l'Opep, l'organisation des pays exportateurs de pétrole pourrait décider d'augmenter sa production dès le mois prochain en raison des craintes d'approvisionnement liées au Venezuela et à l'Iran.
A ce facteur s'ajoutent les doutes sur l'avancement des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine après les déclarations, mardi, de Donald Trump sur son insatisfaction face à la tournure des pourparlers. Des propos qui tranchent avec l'optimisme affiché auparavant par son secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.
Le cours du cuivre baisse de 2,24%, celui du nickel de 1,69%, celui de l'aluminium de 1,23%.
Très logiquement, les valeurs minières souffrent à l'instar d' Anglo American (LON:AAL) (-4,79%) et Rio Tinto (LON:RIO) (-2,19%).
Parmi les rares hausses marquées du jour, la banque Standard Chartered (LON:STAN) prend 1,27% après un article du Financial Times selon lequel Barclays (LON:BARC) (-1,04%) a étudié l'hypothèse d'un rapprochement, information démentie par plusieurs sources.
Troisième sujet lancinant de préoccupation pour les investisseurs en actions: l'absence de gouvernement en Italie, près de trois mois après les élections législatives.
DOUTES SUR LA BCE ET LA BOE
Le président Sergio Mattarella n'a toujours pas rendu sa décision sur la nomination à la tête d'un gouvernement Ligue-Mouvement 5 étoiles (M5S) du juriste Giuseppe Conte, soupçonné d'avoir "embelli" son parcours universitaire.
La Bourse de Milan abandonne 1,67%, au plus bas depuis le 5 avril, et l'écart de rendement entre les emprunts d'Etat à dix ans italien et allemand dépasse désormais 194 points de base, son plus haut niveau depuis près d'un an.
Sur le marché des changes, l'euro cède 0,51% face au dollar à 1,1718 après un bref passage sous 1,17 pour la première fois depuis novembre, et 0,68% face au franc suisse à 1,1611 franc.
Le passage à vide traversé par la monnaie unique est lié aux inquiétudes suscitées par l'Italie mais aussi par les chiffres inférieurs aux attentes des indices PMI "flash" dans la zone euro, qui traduisent un net ralentissement de la croissance de l'activité et ont provoqué un recul de la probabilité estimée d'une remontée des taux de la Banque centrale européenne (BCE) d'ici un an.
Le dollar, lui, progresse de 0,3% face aux autres grandes devises alors que la livre sterling cède du terrain après le ralentissement inattendu de l'inflation britannique en avril, qui remet en cause, pour certains cambistes, le calendrier d'un relèvement des taux de la Banque d'Angleterre.
Le marché des changes attend désormais la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, prévue à 18h00 GMT.
(Édité par Blandine Hénault)