par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues sur une note hésitante jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devant rendre ses décisions de politique monétaire dans la journée alors que des doutes ont commencé à émerger sur le calendrier et le rythme de la baisse attendue des taux directeurs.
D'après les premières indications disponibles, le CAC 40 parisien devrait perdre 0,06% à l'ouverture après avoir fini stable la veille. Le Dax à Francfort pourrait reculer de 0,01%, tandis que le FTSE 100 à Londres, soutenu par les valeurs de l'énergie, devrait prendre 0,27%. L'indice EuroStoxx 50 est attendu en hausse de 0,02%.
La BCE publiera à 12h15 GMT un communiqué de politique monétaire qui sera suivi une demi-heure plus tard d'une conférence de presse de sa présidente Christine Lagarde.
Un nouveau statu quo sur le loyer de l'argent est largement anticipé par les opérateurs de marché, mais ces derniers espèrent que l'institution de Francfort apportera des précisions sur la trajectoire future des taux après avoir ouvert la porte, lors de la précédente réunion, à une baisse des coûts d'emprunt cette année.
Alors qu'un consensus se dessinait pour une baisse des taux des principales banques centrales dès le mois de juin, la vigueur de l'économie américaine conjuguée à la persistance de l'inflation outre-Atlantique poussent certains à considérer que la Fed pourrait réduire ses taux seulement en fin d'année. Ils estiment en outre que la BCE ne pourra pas enclencher son cycle d'assouplissement monétaire avant la banque centrale américaine.
Les marchés monétaires tablent actuellement sur une baisse de 76 points des taux de la BCE cette année contre une réduction de 95 points anticipée fin mars.
"Du point de vue du trading, nous pensons que toute confirmation de Lagarde qu'une baisse des taux en juin est en cours est susceptible d'entraîner une augmentation des anticipations de réductions totales des taux en 2024", souligne cependant Rabobank dans une note.
La publication à 12h30 GMT d'un nouvel indicateur d'inflation aux Etats-Unis, celui des prix à la production (PPI), après le celui des prix à la consommation (CPI), ressorti plus élevé que prévu, pourrait influer également sur la tendance en Bourse.
"Il s'agit du troisième résultat positif consécutif et cela signifie que le récit d'une désinflation au point mort ne peut plus être qualifié d'incident", note Seema Shah, stratège chez Principal Asset Management, en référence aux chiffres élevés du CPI publiés mercredi.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini mercredi en nette baisse après l'annonce d'une inflation plus élevée que prévu en mars aux Etats-Unis, ce qui limite les perspectives de baisses des taux cette année de la part de la Fed. L'indice Dow Jones a cédé 1,09%, ou 422,16 points, à 38.461,51 points.
Le S&P-500, plus large, a perdu 49,27 points, soit 0,95%, à 5.160,64 points.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 136,28 points (-0,84%) à 16.170,36 points.
L'indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis a progressé de 0,4% le mois dernier et de 3,5% sur un an, soit dans chaque cas une croissance supérieure de 0,1 point aux anticipations des économistes. Surtout, l'inflation sous-jacente, qui exclut les éléments les plus volatils de l'énergie et des produits alimentaires, et celle dans les services, principal secteur de l'activité économique, ont aussi été plus fortes que prévu.
Les rendements des bons du Trésor américain ont bondi et le dollar s'est raffermi à la publication de ces statistiques, qui ont pesé sur les marchés d'actions.
Les "minutes" de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed le mois dernier ont en outre témoigné de doutes parmi les responsables de la banque centrale américaine quant à la dynamique de désinflation aux Etats-Unis.
Cette perspective de taux élevés sur une période prolongée a notamment pesé sur les valeurs de l'immobilier mais aussi sur les géants du numérique, valeurs de croissance par excellence, tels qu'Apple (NASDAQ:AAPL) (-1,11%) ou Microsoft (NASDAQ:MSFT) (-0,71%).
EN ASIE
A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a reflué de 0,35% à 39.442,63 points, la montée des rendements obligataires pesant sur le secteur des puces avec notamment Screen Holdings (-2,04%) et Tokyo Electron(-0,94%). Le Topix, plus large, a en revanche avancé de 0,15% à 2.746,96 points.
L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) perd 0,3%.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai fléchit de 0,17% et le CSI 300 abandonne de 0,15% après des données montrant une persistance de la déflation (-2,8% sur un an) des prix à la production en Chine en mars. Les prix à la consommation, pour leur part, ont de nouveau progressé en mars, de 0,1% sur un an, après +0,7% en février.
LES VALEURS A SUIVRE EN EUROPE:
CHANGES/TAUX
Le dollar recule légèrement 0,029%) face à un panier de devises de référence. Le billet vert est cependant toujours solide après la publication des prix à la consommation aux Etats-Unis qui éloignent la perspective d'une baisse rapide des taux de la Fed.
L'euro grappille -0,05%, à 1,0737 dollar, tandis que la livre sterling s'échange à 1,2537 dollar (+0,05%).
Le yen s'affaiblit de -0,05% à 153,09 pour un dollar après être tombé brièvement à 153,24, au plus bas depuis 34 ans, ravivant les spéculations sur une intervention des autorités de Tokyo, qui ont réaffirmé ne rien exclure.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans se repli de deux points de base, à 4,5498%, après un bond de 18 points la veille.
Le rendement du Bund allemand de même échéance, qui gagné six points de base mercredi, prend encore environ trois points jeudi, à 2,459%. Celui à deux ans a touché dans les premiers échanges jeudi un pic de quatre mois à 2,99% avant de réduire ses gains à 2,973%.
PÉTROLE
Les cours pétroliers, qui ont pris un dollar mercredi, restent hauts, alors que les investisseurs se préparent à une aggravation de la crise au Moyen-Orient, impliquant potentiellement l'Iran, troisième producteur de l'Opep.
Le Brent grignote 0,04% à 90,44 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) grappille 0,07% à 86,15 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou)